Le Guide des anime de l'hiver 2019
W'z

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W'z ?
Note de la communauté : 1.9



Qu'est-ce que c'est ?

Je suis Yūki Araki, un ado de 14 ans. Je suis DJ. Depuis tout petit, je suis influencé par mes parents qui écoutaient de la House Music. Il m'arrive de poster des vidéos dans lesquelles je mixe. Vouloir transmettre des émotions. Être reconnu, se sentir essentiel. Mais avoir peur d'être blessé. Quelque chose cloche dans ce quotidien. Un jour, dans le but de gagner de l'audience, j'ai fait une chose irréversible. En direct de « l'autre monde » . Je me suis retrouvé pris pour cible et entrainé dans le tourbillon des souhaits et sentiments des gens. Mais je ne peux rien faire seul dans cette situation… Si seulement j'étais avec quelqu'un… W'z est un anime original diffusé sur Wakanim tous les vendredis à 12 h 30.

Comment était le premier épisode ?

EmmaNouba

Note :

Le moins que l'on puisse dire est W'z ne peut laisser indifférent. Le nouveau projet du studio GoHands, produit par Frontier Works, séduit ou irrite. Dès son générique, soit on est totalement emballé par ses inserts à la Lain, soit cela pique les yeux. Entre les plans en 360° (comme si l'on se retrouvait avec une caméra fisheye à la place des yeux), des filtres de couleurs extrêmement marqués et des mélanges de 3DCGI et 2D, il faut admettre est que W'z est visuellement extrêmement culotté, tout comme l'était Hand Shakers, la série précédente du studio, censée se dérouler dix ans auparavant. Les mondes virtuels reliés à l'univers réel sont juste à couper le souffle tant ils sont magnifiques, mariant des vagues d'Hokusai, des ambiances de mapping colorés, des visuels de poissons chats géants… Nul besoin d'avoir vu Hand Shakers pour comprendre W'z. Pourtant, cela peut aider car le premier épisode prend son temps et si l'on arrive en terrain inconnu, l'enjeu va mettre du temps à se dessiner… Avant de le saisir, on appréciera l'ambiance musicale produite par le label GOON TRAX. Le personnage principal, Yukiya Araki, est DJ. Et du coup, la musique n'est pas annexe : c'est même tout le contraire, c'est un personnage central. C'est plutôt une idée sympa, d'autant qu'on est sur de l'électro dance tranquille, tendant sur le jazz. Bref, pas d'agression, du tout doux. D'ailleurs, ce que l'on peut apprécier dans cette série, même si elle se déroule dans une ville où tout le monde est speed, Osaka, c'est justement ce côté un peu « Peace and Love », voire quelque peu « je m'en foutiste ». Même dans les combats dans ce premier épisode sont bien gentillets et proprets.

Après comme tout anime qui se respecte un tant soit peu et qui rassemble une bande d'ados, on a droit à la romance classique entre le héros et sa vieille copine d'enfance, super kawaii aux cheveux violets, bleus (au gré des filtres), complétement raide de lui et très extravertie. Outre ce côté très classique, le scénario est lui très original même si le coup des mondes parallèles est déjà bien connu. Mais ce qui en fait un petit bijou est que les héros doivent se tenir par la main pour passer dans ces voies parallèles, et peuvent voler le pouvoir des autres grâce à des armes super puissantes. Alors qu'ils opèrent en duo, Yukiya Araki est seul et peut rien qu'en effleurant la main de quelqu'un dans la rue le plonger dans ses limbes colorées. Heureusement, ce dernier n'en garde pas le souvenir. Par la force de son pouvoir, le jeune homme attire les autres Hand Shakers, et l'on se doute bien qu'ils vont tout faire pour lui piquer ses capacités. En tout cas, W'z s'annonce comme une série extrêmement réjouissante visuellement et très agréable à l'écoute.


Damien Hilaire

Note :

Mais c'est une blague. Une suite à Hand Shakers, sérieusement, vous avez osé ? Apparemment ça n'est pas un rêve, GoHands remet le couvert avec une suite à leur précédente production Hand Shakers, la série qui a fait tourné de l'oeil à tous les fans d'animation tellement elle était ignoble. En plus c'est un plagiat de Fate ! Excellente blague vraiment.

W'z se déroule 10 ans après les derniers événements de la série. Toujours à Osaka, nous suivons Yukiya, un jeune DJ de 14 ans qui cherche à percer avec ses mix grâce aux réseaux sociaux. Visiblement tiraillé entre une vie rangée et un appel pour la musique absolument désapprouvé par son paternel, sa rencontre avec un camarade de celui-ci changera peut-être la donne et le poussera à s'émanciper, quitte à se froisser avec son père pour atteindre ses rêves de grandeur.

Avec son amie Haruka, qui visiblement en pince pour lui, il se décide à monter une opération commando en plein coeur d'une zone piétonne. Un concert improvisé diffusé en live avec une petite particularité tout de même. Le tout est filmé depuis un monde parallèle auquel Yukiya ne peut accéder que s'il tient la main de quelqu'un. Haruka découvre ce monde (Ziggourat) pour la première fois et surtout que des gens veulent faire la peau à Yukiya et le forcer à jouer aux Handshakers. Les Handshakers sont des personnes qui en se tenant la main sont capable de changer de plan dimensionnel pour s'affronter en duo dans un battle royale où l'objectif est de se faire exaucer un vœu. Rien que ça. Agressé en plein caressage de platine, Yukiya va devoir se défendre pour sortir son amie de ce mauvais pas.

Si la série a gagné en lisibilité en se calmant sur les cadrages improbables, on ne peut pas dire qu'elle s'améliore sur le reste. GoHands reste dans les canons esthétique de la série précédente et W'z se retrouve donc avec tous les défauts inhérents à celle-ci. Déjà, on conserve ce chara-design globuleux moe qui ferait vomir des arcs-en-ciel à un dictateur nord-coréen. Ensuite, nous avons toujours droit à ce fisheye disgracieux en toute circonstance, les couleurs pétaradantes et les lumières qui aveuglent. Le tout est noyé dans une CGI approximative qui englobe autant les décors, que les détails ou les figurants. C'est donc laid. Mais attendez parce que ça devient pire une fois qu'on quitte Osaka pour l'autre dimension. Une fois dans le monde de Ziggourat, les décors se parent de psychédélisme et des délires kaléidoscopéens fusent un peu partout. Ça dégueule de couleurs, les lumières et les ombres ne suivent aucune logique, bref on ne peut reprocher à W'z un manque d'originalité ou de cohérence visuelle c'est certain. Qu'on adhère ou non à ce grand gloubiboulga dépenaillé il faut pour autant ne pas l'extraire de son scénario parce que c'est peut-être bien fait pour y coller, n'est-ce pas ? On est dans un pur ersatz de Fate, un battle royale où chacun a une classe bien spécifique attribuée, des gugusses qui se battent en team de deux dans un monde parallèle avec pour objectif de pouvoir se faire accorder un souhait à la fin. Sauf que ça c'était déjà le scénario de Hand Shakers.

De fait, est-ce que la suite va se concentrer là-dessus où est-ce qu'on contraire nous allons suivre Yukiya dans son ascension du monde la musique électro ? Car c'est ce à quoi on pourrait s'attendre en voyant la première partie mais pas en voyant la seconde qui laisse présager un entre-deux somme toute désagréable. Refusant de trancher avec son précédent pour offrir plus qu'un héritage à une œuvre déjà considérée comme un nanar de l'animation japonaise tant son style atypique et imbitable avait marqué ses spectateurs.

C'était déjà culotté d'en faire une suite mais de refaire exactement la même chose ça serait presque insultant pour notre intelligence ! Si l'on peut retenir quelque chose de plus de cet épisode que ce mélange à la fois hilarant et navrant de 2D/3D dans la scène du masque, c'est bien l'espoir que la série ne s'oriente pas complètement vers un titre baston action et développe le point musical de l'oeuvre, seule véritable accroche narrative pour l'instant. On suivra pour l'amour du nanar.


Bruno De La Cruz

Note :

Il est des productions qu'on peut juger comme étant trop communes pour qu'on y prête attention (et ce serait une erreur). Pour W'Z, il y a fort à parier que l'esthétique générale vous dérange, si tant est que l'anime Hand Shakers vous soit étranger. Ce n'est qu'une conviction, mais je préfère l'expérimental mal dosée à une ambition à la baisse. Pour W'Z, il y a un peu de ça.

Pour resituer le studio GoHands, rappelons qu'il s'est formé à partir d'anciens de 8-Bit, produisant son premier anime en 2008, Princess Lover!. Si les observateurs ont vite renié Hand Shakers à cause d'un mariage 2D/3D grossier ne profitant d'aucun blend et d'une insertion hasardeuse, le studio a aussi produit des choses tout à fait correctes, comme les film Mardock Scramble. Dans ce CV fait de hauts et de bas, on ne pas nier la direction prise par le studio, fait d'expériences visuelles et d'environnements 3D (le studio a son propre département) écœurés par des caméras folles. Comme toujours avec les premiers pas d'un studio, il faut vérifier les personnes ayant donné l'impulsion des projets. Chez GoHands, et cela se vérifie encore avec W'z, la liste des talents locaux reste importante : l'ADN ne bouge pas, mais subit des réajustements.

W'z est une série d'évolutions, témoignage d'un studio qui a retenu la leçon. L'identité visuelle du projet repose sur trois poutres : un environnement urbain balayé par des caméras 3D, un goût prononcé pour les aplats (motifs, matières, image live), et une animation 2D entre rotoscopie et performance des animateurs maison. Il est vrai que la densité visuelle demande un temps d'adaptation, mais je crois que tout le travail de postproduction est ici plus lisse et assimilable. La démarche de GoHands demande que chaque plan ou presque repose sur plusieurs unités du studio, et la cohérence du résultat doit autant à la sueur de la photographie qu'au color design. En somme, si les matières se chevauchaient avant, elles apparaissent comme plus complices maintenant. La participation importante de Graphinica, une maison habituée à intégrer de la CG, mais aussi de MADBOX, n'y est pas étranger je pense.

La scène d'intro est une bonne leçon pour le démontrer : le story-board de Shingo Suzuki – un artiste essentiel du studio – met la direction artistique de Ken Naito (Owarimonogatari) à son avantage, et le jeu de caméra 3D laisse Hiroshi Okubo (un animateur phare du studio) s'éclater sans avoir à digérer une animation “de background”. Si je ne peux m'empêcher de pester contre le chara design de la production, je trouve quand même quelques jolis plans dans ces deux premiers épisodes. Il y a notamment cette habitude à faire réfléchir le ciel sur les vitres, ou la propension à choisir de légers filtres grisâtres façon Snyder. Il faudra voir si cet équilibre tient debout avec l'apparition des pouvoirs, véritable cauchemar de Hand Shakers.

En fin de compte, pour que W'z réconcilie un tant soit peu les fans avec la hype qui avait guetté GoHands, il faudra que le show soit régulier et que la dimension d'animateur du staff évolue vers une vision de réalisateur et de superviseur. Le nombre important de producteurs me donne envie d'y croire.


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